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lundi 8 septembre 2008

Imaginaire

Architecte de l’imaginaire

Architecte de l'imaginaire

L’image, qu’elle soit graphique ou photographique, comme unique destination. Voilà qui semble tenir du paradoxe ou de la provocation lorsque l’on évoque la figure de l’architecte. Né à Paris en 1778, on ne connaît pas la date du décès de Jean-François-Thérèse Prieur, contemporain d’Etienne-Louis Boullée (1728-1799) et de Claude-Nicolas Ledoux (1736-1806). Vie et œuvre s’entremêlent alors pour façonner le parcours énigmatique et éclatant de cet architecte auquel Emmanuel Reuzé consacre ce remarquable ouvrage aux éditions Filigranes.

« Un palais pour les étoiles » ! Voilà la proposition faite par J.F.T. Prieur pour le concours de l’an II organisé par la convention nationale et le comité de salut public en 1794. Il a 16 ans ! Doté d’une solide formation acquise auprès de l’architecte Jean-Nicolas-Louis Durand (1760-1835) et par la fréquentation de l’école polytechnique, J.F.T. Prieur se passionne néanmoins pour les architectes et les architectures utopiques. Tout en exécutant des travaux alimentaires, il commence alors un travail créatif dont les principales caractéristiques sont l’imaginaire et la série, avec les figures récurrentes de la tour, de l’escalier, du labyrinthe et du pont. La riche iconographie de l’ouvrage présenté ici rend parfaitement compte du foisonnement et de la volonté de J.F.T. Prieur d’expérimenter et de multiplier les techniques : taille douce, gravure sur bois et gravure colorisée, mine de plomb, encre… Et si l’innovation technique est une source d’enchantement, c’est pour mieux « ancrer » dans l’imaginaire ses réalisations graphiques. L’acier devient ainsi source d’inspiration pour la série : « Tours pour regarder les trains ». Qu’en est-il alors de la photographie ? C’est Hippolyte Bayard (1801-1887) qui initie J.F.T. Prieur à cette innovation en 1842. Dès 1839, Bayard réalise des dessins photogènes sur papier et organise la première exposition de photographie de l’histoire au Bon Marché à Paris. J.F.T. Prieur, quant à lui, sera le premier à coloriser des tirages. Délaissant rapidement la photographie, il y revient magistralement vers la fin des années 1850 avec la mise au point et la réalisation de photomontages. Avec la série intitulée les « murailles », J.F.T. Prieur utilise pleinement les potentialités de la photographie et de la reproductibilité de ses images afin de suggérer une répétition à l’infini d’une même forme, d’un même objet. Hélas, les traces de ces travaux sont rares. Pourtant à la volonté d’ « épuisement visuel » des formes s’ajoute l’entreprise encyclopédique de collecter et de commenter les plans d’architecture utopiste. Le résultat, en sept volumes, sera édité entre 1841 et 1843 sous le titre : « Encyclopédie des Architectures Imaginaires ».

Souhaitant multiplier les moyens de représentations d’un même sujet, J.F.T. Prieur abandonne la perspective avec la série des « Villes transparentes » et tente l’impossible « description de la ville d’I » par la littérature ! Et l’on ne peut s’empêcher de penser immédiatement à Italo Calvino avec ses « Villes invisibles » [1] et aux images mentales que produisent en nous les récits faits par Marco Polo au Grand Khan de ces villes imaginaires.

Créer, répéter, collecter, épuiser, conserver, commenter, expérimenter, il aura fallu être particulièrement industrieux à J.F.T. Prieur pour ne rien construire ou presque, si ce n’est quelques rêves.

Entre biographie fictionnelle et travail d’historien, cet excellent ouvrage que nous proposent les éditions Filigranes ne peut que renforcer la croyance en nos rêves et en leur réalisation. « Tous les hommes rêvent, mais inégalement. Ceux qui rêvent la nuit, dans les recoins poussiéreux de leurs esprits, s’éveillent le jour pour trouver que c’était vanité ; mais les rêveurs de jour sont des hommes dangereux, car ils peuvent, les yeux ouverts, réaliser leur rêve, pour le rendre possible » [2].

[1] Italo Calvino, les villes invisibles, 1972

[2] Thomas Edward Lawrence, les sept piliers de la sagesse, 1936


Informations pratiques, notation et achat :

Architecte de l’imaginaire
Texte de Emmanuel Reuzé
Editeur : Filigranes Éditions (7 février 2008)
Relié : 60 pages
Langue : Français
ISBN-13 : 978-2-35046-124-3
Prix : 25 euros
Intérêt du sujet : 5/5
Photographies : 5/5
Mise en page et impression : 5/5 
Texte : 5/5
 


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Crédit: www.photosapiens.com

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